Catinat
et l'invasion du Dauphiné
- Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) -
 En 1688, Louis XIV doit faire face à une coalition des souverains européens réagissant à sa politique expansionniste et à la révocation de l'Edit de Nantes (1685).

Le 4 juin 1690, Victor Amédée II, Duc de Savoie, rejoint la Ligue et commande toutes les forces des confédérés dans le Piémont où s'engagent les hostilités. Face à lui, Catinat, lieutenant général, commande en chef l'armée d'Italie. Cette même année, Catinat remporte au bord du Pô la victoire de Staffarde et s'empare de Suze au cours de la campagne de 1691.

Après la mort de Louvois en 1691, Louis XIV, passant sur la défensive, évacue les possessions du Piémont, sauf Suze et Pignerol. Catinat installe son quartier général à Pallons.

En ce qui concerne les communications, citons le texte de Joseph Perreau :

"Sur les derrières de Pallons, Catinat utilisait pour ses ravitaillements le chemin d'une vallée parallèle à celle de Freissinières. Il s'agit de la vallée de l'Argentière qui, par le col d'Alp-Martin et la vallée d'une deuxième branche du Drac, conduit aussi dans le Champsaur. Un auteur du XVIII ème siècle comme Bourcet, Montanel, qui a laissé une description topographique des Alpes justement estimée, recueillait en 1750 le témoignage de vieillards qui avaient vu transporter à dos d'homme, par le col d'Alp-Martin, du fourrage du Champsaur dans les camps de Catinat.

Sur la rive droite de la Durance également, mais divergeant vers le nord, une troisième vallée servait aux communications de Catinat. C'est la Vallouise, qui se replie au pied des glaciers orientaux du Pelvoux et, par le col de la Vallouise, permet d'atteindre, sur la Guisanne, le bourg du Monêtier de Briançon, entre Briançon et le col du Lautaret. La Vallouise créait ainsi, entre la grande et la petite route de Briançon à Grenoble, un raccourci, une sorte de pan coupé qui évitait Briançon même. Catinat fit améliorer cette communication pour être en mesure de porter promptement secours à Grenoble en cas de besoin."

Le 24 juillet 1692, des protestants français et des vaudois forment le gros des troupes que le Duc de Savoie dirige dans la vallée de la Stura comme ils composent les troupes de Shomberg qui passent par le col Lacroix le 1 août ; le 4 août, ils assiègent Château-Queyras défendu par M. de Lesches ; ce dernier fait incendier le village ; Schomberg, craignant l'arrivée de Catinat, lève le siège le 6 et gagne Ceillac par Molines et le col Fromage.

Le Duc de Savoie passe le col de Vars le 27 juillet, enlève Guillestre le 30. Le 6 août, il met le siège devant Embrun où Larry capitule le 16 ; Victor Amédée entre le 17 à Embrun et livre la ville et les environs au pillage. Le 29 août, les envahisseurs sont à Gap, d'où sont partis les consuls avec le trésor et les archives, ainsi que le clergé pour se réfugier à la Baume de Sisteron. Les environs de Gap, le Champsaur, les Diguières, sont ravagés. Catinat se déplace de Pallons à Aspres pour défendre l'accès du col de La Croix Haute. Le duc de Savoie est de retour à Embrun le 30 août ; atteint de la petite vérole, il est soigné au collège des jésuites. Le 10 septembre, il donne l'ordre de la retraite, et sur leur passage, les troupes incendient Tallard, Gap, Chorges, Prunières, Savines et Réallon. Le duc s'oppose à l'incendie d'Embrun ; l'armée repart par le col de Vars et le col des Orres. Le 21 septembre, les ennemis ont repassé la frontière. L'année suivante, Catinat occupe la vallée de Barcelonnette, traverse les Alpes et remporte la bataille de la Marsaille. La paix sera rétablie en 1696 par le traité de Turin ; le roi de France rend au duc de Savoie Casal et Pignerol.

 

Bibliographie :
Vaudois et Protestants des Alpes
J-A CHABRAND
Librairie de l'académie (1886)
Catinat et l'invasion du Dauphiné
Joseph PERREAU
Librairie militaire de L. Baudoin (1892)
Les Hautes Alpes hier, aujourd'hui, demain
P. CHAUVET et P. PONS
Société d'Etudes des H-Alpes (1975)
Briançon à travers l'histoire
Jacqueline ROUTIER
Société d'Etudes des H-Alpes (1997)